Constellation familiale et actes psycho magiques d’Alexandro Jodorowsky

Au cours de la constellation, le travail est tellement proche, dans sa qualité, des actes psychomagiques d’Alexandro Jodorowsky qu’il arrive souvent de passer insensiblement de l’un à l’autre. (si l’acte est techniquement faisable dans les conditions d’une constellation, bien sûr !).
Cela donne, au cours des constellations familiales, des actes symboliques et rituels, comme faire trois fois le tour d’un personnage, faire le geste de lui ouvrir le cœur, lui souffler dessus ou le soulever, accompagné ou pas de paroles.
L’acte psycho magique peut aussi être donné à faire par la suite, pour finaliser le travail et inscrire son résultat à l’extérieur.
Le fait de donner un acte psycho magique à la personne après sa constellation familialesert à prolonger le travail psychologique en dehors des limites du stage.

Constellation familiale et acupuncture

(ou acupuncture symbolique)

En acupuncture on agit sur des méridiens, trajets d’énergie composés de points qu’on « régule ».
En constellation familiale on agit sur des traces, des lignes dans le temps : les liens transgénérationnels composés de « personnages » qu’on « libère ».
On peut considérer qu’un « point » à réguler dans la constellation familiale est un nœud dans les liens, il peut donc se trouver aussi bien à l’emplacement d’un « personnage » qu’entre deux, trois ou plusieurs « personnages » .
C’est une sorte de géométrie énergétique.
J’ai toujours remarqué que travailler le nœud trans-générationnel à l’endroit exact donné par l’énergétique donnait plus de résultats.
De manière concrète, je demande au sujet de venir se placer, pour travailler son problème, exactement sur le « point d’acupuncture », ou très souvent je m’y mets moi-même pour sentir ce qu’il s’y passe.

Pour plus de détail, voir le livre d’Eric Laudiére, éditions Quintescence, « La constellation familiale est un JE »

Constellation familiale , dieux et petits anges

Il arrive parfois que la guérison soit impossible sans une aide « transcendante».
Par exemple dans une constellation familiale récente où il s’agissait de pacifier deux branches de la famille, avec leur cortège d’émotions, l’une « allemande et nazie », l’autre « française et juive »… Imaginez le déchirement intérieur et surtout la difficulté à mener cette pacification, les ressources personnelles et trans-générationnelles des participants ne suffisant pas à endiguer le torrent de haine et de rancœur qui parcourait toute la constellation familiale.
Le passif était tellement lourd que rester serein face à cela devenait quasiment impossible, au-dessus des forces humaines.
Surtout quand on a fait le choix du travail avec le ressenti, voie plus intransigeante. (En effet, il ne s’agit pas ici de penser que l’on pardonne, mais de ressentir que l’on pardonne).
Seul un « effet grand-mère » nous a sorti de l’impasse, c’est à dire que je demandai à chaque participant, en restant dans le rôle donné, de se « relier » à ce qu’on pourrait appeler sa foi, religieuse ou pas, ses croyances en quelque chose d’immense ou « quelqu’un» de transcendant, en tout cas plus grand que soi…
Seule cette connexion de tous à une dimension verticale, universelle (quel que soit le nom ou la forme qu’on lui donne : Dieu, Ange, Mère Nature, Énergie, etc.) a permis, dans cet exemple, de traverser ces évènements historiques et d’envisager enfin une réparation.
On s’aperçoit que, quand chacun fait l’effort d’entrer dans cette dimension verticale, le « champ » global change, « l’ambiance » dans la pièce n’est plus la même, elle est chargée différemment.
Ceci peut, à mon avis, expliquer les guérisons charismatiques au cours de rituels religieux. Je pense qu’on aurait tort de sous-estimer l’importance de cette connexion dans le champ de la guérison.
J’ai d’ailleurs remarqué l’importance des traumatismes transgénérationnels dans le rapport de chacun avec la foi. Une injustice flagrante au cours d’une vie peut faire que non seulement nous en voulions aux « coupables », mais aussi à la vie elle-même et à son sens, religieux ou non.
Ce qui nous coupe alors d’une certaine foi, celle qui nous fait dire merci d’être en vie.
Cet état de grâce devient inaccessible.
En constellations il arrive souvent que l’on ait besoin de pardonner pour se libérer d’une « injustice ». On peut avoir besoin de se pardonner soi-même, pour se libérer d’une culpabilité.
On peut avoir besoin de pardonner à l’autre, pour se libérer d’une colère ou d’une haine.
Et on peut avoir besoin de pardonner à « Dieu » pour se libérer de l’isolement spirituel…

Constellation familiale et Communication Facilitée

La Communication Facilitée est apparue simultanément dans différents pays d’Europe et a été développée en tant que stratégie de communication par Rosemary Crossley en 1987 en Australie.
Lors d’un voyage, A.M. Vexiau, orthophoniste française, la découvre à son tour.
Elle l’introduit en France dès son retour.
Au départ, elle n’est destinée qu’aux personnes privées de paroles ou s’exprimant avec difficulté.
La technique est la suivante : une personne appelée « facilitant » (orthophoniste ou parent d’un enfant polyhandicapé par exemple) soutient la main d’une autre personne, appelée « facilité » (enfant autiste ou polyhandicapé n’ayant jamais dit un mot) pour l’aider à s’exprimer sur un clavier de machine à écrire ou d’ordinateur.
Par ce biais-là et quelque soit le niveau intellectuel ou le degré d’atteinte cérébrale du « facilité », il s’avère que ce dernier réussit à exprimer, par écrit, sur l’écran ou le papier ses émotions profondes, par l’intermédiaire du vocabulaire emprunté au « facilitant » . Très vite, A.M. Vexiau étend cette pratique aux personnes s’exprimant normalement par le langage oral mais souffrant de problèmes psychologiques.
Cette nouvelle approche est appelée « psychophanie » (en grec phan veut dire mettre à jour) et permet de mettre en lumière leur inconscient afin de les aider dans leurs difficultés.
Cette technique nécessite un apprentissage cadré ; elle est encore un peu « diabolisée », comme tout ce qui n’est pas scientifiquement explicable.
Fondée sur un dialogue d’inconscient à inconscient, elle apporte un éclairage prodigieux, notamment en ce qui concerne la transmission des traumatismes et des secrets au sein des lignées (la transmission trans-générationnelle).
Nous pouvons donc voir tout son intérêt en constellation familiale ainsi qu’en association avec une séance de psycho-généalogie.
Dans certains ateliers de constellations familiales, la présence d’une personne entraînée à la Communication Facilitée permet d’intervenir chaque fois qu’un figurant se sent incapable de verbaliser ce qu’il sent, ou encore quand il est dans le rôle de quelqu’un qui cache quelque chose.
Les résultats sont très encourageants et nous cherchons encore un moyen de systématiser ces outils en essayant différents protocoles qui associent ces deux méthodes déjà complémentaires.

Constellation familiale et objets symboliques

Ce type de constellation familiale se fait soit en groupe, soit en séance individuelle.
Tous les personnages, ou une partie seulement, seront représentés par un objet symbolique que l’on placera exactement comme dans une constellation familiale avec figurants. ( les cartes de tarot, qui en font partie, en sont un bon exemple.) De même, on peut utiliser la création d’objets personnalisés, de « grigris », pour représenter les personnages.
Cela peut avoir un impact encore plus fort sur le consultant.
Les projections se font alors sur des objets ritualisés. (Son expression la plus simple et la plus courante étant, par exemple, de représenter un enfant mort-né par un coussin.)

Constellation familiale et jeu de tarot

Cette technique, utilisée en séance individuelle, consiste à faire une constellation familiale en utilisant les 22 arcanes majeurs du tarot de Marseille.
Il s’agit de poser dans la pièce une carte pour soi et de placer les autres cartes par rapport à celle-ci, retournées, face non visible, en leur assignant au fur et à mesure un rôle, un personnage de votre arbre généalogique.
Puis, regarder le dessin ainsi créé, comme quand on analyse une constellation familiale, et retourner les cartes une à une pour pouvoir les lire et étudier les projections que l’on fait sur ces cartes.
Regarder, ensuite, le rapport entre les cartes, ce qu’elles ont à se dire, à vous dire.
On peut aller se mettre au-dessus de chaque carte, à leur place, pour ressentir ce qu’il s’y passe, trouver les nouvelles informations associées à la nouvelle place.
Ensuite poser et reprendre des cartes jusqu’à faire son arbre « parfait » du moment, afin de retravailler les projections limitantes associées à notre arbre généalogique. (cela peut prendre du temps !).
Cela existe aussi avec des bouts de papier sur lesquels on écrit à la main les prénoms, les rôles, ou des symboles, des signes, à la place des cartes.

Constellations familiales qui ne marchent pas !

Regardons aussi de plus près les constellations qui ont fait un « flop », qui donnent l’impression de ne pas aboutir, de ne rien changer ou de ne rien apporter aux participants.
De ce que j’ai pu en comprendre, il se dégage surtout deux cas généraux (en dehors bien sûr de mes limites en tant que thérapeute !) : celui des constellations familiales dont la demande de départ est faussée. celui des constellations familiales dans lesquelles ce qui émerge dépasse largement ce que le constellé peut entendre.

• Les constellations familiales dont la demande de départ est faussée : La demande de départ est celle du constellé.
Cette demande ne doit pas être double, elle demande un minimum de sincérité et d’investissement.
Il faut éviter le « tourisme », la curiosité superficielle ou le simple désir narcissique d’être au cœur de l’expérience.
C’est au thérapeute de s’assurer que c’est le bon moment pour la personne, que sa demande est « chargée », qu’elle vient bien de la profondeur.
Exemple : « Lune lisse » veut faire sa constellation familiale, elle annonce un secret de famille qu’elle veut éclaircir.
Dés le début, les figurants sont déconcentrés, certains se sentent manipulés, d’autres sont pris de fous rires.
Il s’avéra ensuite qu’elle connaissait très bien ce secret, elle voulait seulement voir si la constellation familiale allait en parler. Flop assuré !
Exemple d’évitement du « flop » : « Jeune pousse » veut faire sa constellation familiale, mais je sens que sa motivation la plus importante est seulement la peur de rater son tour ; je lui déconseille cette constellation familiale, mais lui en propose une le lendemain par surprise.
Mon refus de la veille a fait mûrir une motivation plus profonde, et la constellation familiale est fructueuse.

• Les constellations familiales dans lesquelles ce qui émerge dépasse apparemment les capacités de réception du constellé Il y a des constellations familiales où des choses apparaissent avec force, mais le constellé ne les voit vraiment pas.
Ce sont pourtant des nœuds évidents aux yeux du thérapeute et des figurants.
L’écart entre cette évidence collective et le « refus » inconscient du constellé de la voir me fait arrêter la constellation familiale.
Insister équivaudrait à une intrusion et au non-respect de la personne car, pour des raisons inconscientes que nous respectons, elle n’est pas prête.
Lui donner un cours didactique et lui imposer cette évidence qui n’est pas la sienne ne ferait que nuire à une résolution réelle.
Le thérapeute n’est pas là pour « plaquer » la solution, mais pour aider le patient à en « accoucher » lui-même.

Cas particuliers, les trous noirs

Dans les galaxies il y a des trous noirs, dans les constellations familiales aussi.
Il arrive que des constellations soient « aberrantes », qu’elles ne soient pas confirmées par le vécu du patient, qu’elles ne correspondent à rien ou presque ; que se passe-t-il ? J’ai presque l’impression de « tomber » sur un autre arbre généalogique que celui du sujet, comme si l’on était passé par une porte dérobée qui donne sur autre chose, une autre histoire, celle d’un des figurants par exemple, qui aurait pris le pas sur celle du sujet, et même plus souvent, j’ai l’impression que cela dépasse complètement le trans-générationnel…
C’est très troublant pour le thérapeute…
Dès que j’en ai eu le moyen, j’organisai un protocole de vérification.
Il s’agissait de faire une deuxième constellation familiale en vérification de la première, en prenant bien sûr le même sujet constellé, dans des conditions identiques, mais avec des participants entièrement renouvelés.
Ces participants ne connaissent pas la personne, n’ont pas la moindre information ni sur le sujet, ni sur le déroulement de la dernière constellation familiale.
On a même été jusqu’à choisir des participants ayant un parcours et un profil très différents de ceux de la constellation familiale précédente.
Dans la majorité des cas où j’organisai ces vérifications, je ne retrouvai pas exactement le même schéma de constellation familiale, mais c’était toujours aussi étrange, de la même manière, avec à peu près les mêmes nœuds et les mêmes personnages incriminés.
Ce qui tend à prouver qu’il ne s’agissait pas de hasard, ni de délire… mais cela ne donne pas d’explications sur ce phénomène, ou des explications qui dépassent largement le cadre du transgénérationnel.
Je suis désolé de ne pas pouvoir vous en dire d’avantage pour le moment, mais seulement que ces cas sont plutôt rares.
Donc, affaire à suivre…

Constellation familiale en mouvement

Les positions statiques du groupe servent de photographies, d’état des lieux et nous progressons d’image en image au cours de l’exercice, dans une recherche toute simple de bien-être.
Parler de statique est une exagération car tout est expression corporelle, l’immobilité n’est jamais totale.
C’est pourquoi, afin de faciliter l’intégration corporelle de ce qui se passe, je demande souvent d’exagérer, d’amplifier les micro-mouvements, de danser son ressenti, ce que nous faisons à chaque instant mais de manière tellement discrète qu’il faut un oeil averti pour voir cette danse.
Les mouvements, les déplacements entre chaque photo statique sont d’une grande importance, tant pour l’analyse que pour la mise en place de la guérison. « J’ai envie de m’asseoir… de courir… de tourner en rond, de me balancer… »
Je demande souvent au sujet de se promener au milieu de sa constellation faite.
J’ai remarqué que la qualité de son déplacement change énormément selon les personnages entre lesquels il passe.
Selon l’émotion à travailler, il est judicieux de se faire frôler par la constellation, de la sentir se déplacer avec soi ou contre soi, tous les mouvements sont riches de sens.
Le fait d’avoir à parcourir une certaine distance, qui symbolise son chemin de vie, accompagné de toute sa constellation, nous donne à travers les différents mouvements de chacun, des informations que nous n’avions pas en étant statique. Il arrive aussi souvent que je remplace les mots et les dialogues par des gestes improvisés 20, donnant ainsi l’apparence d’un cours de danse ou d’expression corporelle.
J’utilise les places choisies, les déplacements provoqués, la symbolique des mouvements en groupe et cela donne des constellations-ballets, où l’expression corporelle véhicule l’émotion, la transforme et l’intègre dans chaque cellule du corps.

Constellation systémique d’un rêve

Vous vous rappelez d’une séquence d’un de vos rêves, un extrait qui vous a marqué, qui vous interroge, alors c’est l’occasion d’en faire une constellation systémique, de demander à des figurants de représenter chaque élément du rêve.
C’est alors, comme travailler directement avec un message de l’inconscient.
Plutôt que de l’analyser avec nos outils symboliques, c’est le mettre en scène et vivre ce qu’il a à nous dire, aller là où il veut nous emmener, expérience étrange entre rêve et réalité.

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