Il arrive parfois que la guérison soit impossible sans une aide « transcendante».
Par exemple dans une constellation familiale récente où il s’agissait de pacifier deux branches de la famille, avec leur cortège d’émotions, l’une « allemande et nazie », l’autre « française et juive »… Imaginez le déchirement intérieur et surtout la difficulté à mener cette pacification, les ressources personnelles et trans-générationnelles des participants ne suffisant pas à endiguer le torrent de haine et de rancœur qui parcourait toute la constellation familiale.
Le passif était tellement lourd que rester serein face à cela devenait quasiment impossible, au-dessus des forces humaines.
Surtout quand on a fait le choix du travail avec le ressenti, voie plus intransigeante. (En effet, il ne s’agit pas ici de penser que l’on pardonne, mais de ressentir que l’on pardonne).
Seul un « effet grand-mère » nous a sorti de l’impasse, c’est à dire que je demandai à chaque participant, en restant dans le rôle donné, de se « relier » à ce qu’on pourrait appeler sa foi, religieuse ou pas, ses croyances en quelque chose d’immense ou « quelqu’un» de transcendant, en tout cas plus grand que soi…
Seule cette connexion de tous à une dimension verticale, universelle (quel que soit le nom ou la forme qu’on lui donne : Dieu, Ange, Mère Nature, Énergie, etc.) a permis, dans cet exemple, de traverser ces évènements historiques et d’envisager enfin une réparation.
On s’aperçoit que, quand chacun fait l’effort d’entrer dans cette dimension verticale, le « champ » global change, « l’ambiance » dans la pièce n’est plus la même, elle est chargée différemment.
Ceci peut, à mon avis, expliquer les guérisons charismatiques au cours de rituels religieux. Je pense qu’on aurait tort de sous-estimer l’importance de cette connexion dans le champ de la guérison.
J’ai d’ailleurs remarqué l’importance des traumatismes transgénérationnels dans le rapport de chacun avec la foi. Une injustice flagrante au cours d’une vie peut faire que non seulement nous en voulions aux « coupables », mais aussi à la vie elle-même et à son sens, religieux ou non.
Ce qui nous coupe alors d’une certaine foi, celle qui nous fait dire merci d’être en vie.
Cet état de grâce devient inaccessible.
En constellations il arrive souvent que l’on ait besoin de pardonner pour se libérer d’une « injustice ». On peut avoir besoin de se pardonner soi-même, pour se libérer d’une culpabilité.
On peut avoir besoin de pardonner à l’autre, pour se libérer d’une colère ou d’une haine.
Et on peut avoir besoin de pardonner à « Dieu » pour se libérer de l’isolement spirituel…