Nous pratiquons deux types de constellations familiales dans le noir :
– Un premier où le noir, en fait, n’y est que pour la personne qui fait sa constellation, cette dernière ayant les yeux bandés.
Dans ce premier cas, j’utilise souvent l’odorat.
Cette technique a été trouvée par hasard, alors qu’au cours d’une constellation, « Silence » était bloquée et disait ne pas pouvoir voir, qu’il fallait qu’elle touche du doigt, attrape la vérité ; alors je lui ai demandé de se bander les yeux et de travailler sa constellation familiale rien qu’au toucher et au son de la voix.
J’ai été surpris cette fois-là par le fait que même sans repère visuel, elle ne se trompait pas et savait tout au long de la séance qui était qui, malgré les déplacements successifs.
D’une part, rien qu’en touchant un personnage, elle pouvait retrouver son rôle et sa place ; d’autre part, ses récepteurs sensoriels lui donnaient une image correcte de la configuration dans la pièce.
Depuis, j’ai pratiqué la constellation familiale dans le noir quelques fois, quand je me trouvais devant des sentiments plus « primaires », des ressentis proches de l’animalité.
Les yeux fermés augmentent l’intériorisation et nous amènent à utiliser des sens plus « archaïques ».
Pour plus de détail, voir le livre d’Eric Laudiére, éditions Quintescence, « La constellation familiale est un JE »
– Un deuxième type de constellation familiale où le noir est effectif pour tout le groupe, moi y compris (je n’ai pas investi dans des lunettes à infrarouge…).
Il y a quelque chose de très animal dans ces constellations familiales.
Le fait de se sentir en lien ou pas devient très aigu.
Tout est dans les ressentis physiques qui sont perçus de façon plus aiguë dans le noir (ressentis parfois très archaïques…) ; chez certaines personnes, il peut y avoir des visualisations ou des flashs…
Il n’y a plus d’échanges de regards, les gestuelles ne peuvent pas être interprétées par le regard.
La question reste donc : « Comment je me sens et comment je sens l’autre, les autres ? », « Comment j’ai envie de me déplacer, vers où, sans savoir forcément vers qui ? »
Dans le noir, les déplacements laissent des places vides… Les ressentis d’abandon émergent plus vite et de façon plus forte.
La voix devient un élément prépondérant. L’obscurité permet également une certaine protection qui autorise un meilleur lâcher prise.
Ces expériences confirment ceci : en fait, le constellé n’a même pas besoin de voir ce qui se passe, son corps le lui apprend.
Dans une constellation familiale les yeux bandés, le jeune homme qui a les yeux bandés s’allonge par terre, pleure et geint de douleur, ceci est lié à une grosse souffrance dans sa branche paternelle, une relation pleine de mépris et de haine entre un grand-père et une grand-mère.
Au cours du travail, difficile, de réconciliation de ces deux figurants, ses pleurs augmentent et l’empêchent d’entendre ce qu’il se passe. Il ne peut ni entendre ni voir et pourtant, au moment exact où le grand-père prend la main de la grand-mère, il pousse un soupir de soulagement et arbore un sourire béat…
C’est aussi ce que j’ai pu vérifier dans les constellations familiales où je travaillais plusieurs noyaux en même temps (voir les trans-constellations familiales).
Par exemple, les figurants sont partagés en deux groupes qui travaillent en même temps des choses très différentes.
Le constellé est impliqué dans l’un des deux groupes, donc déconnecté de ce qui se passe dans l’autre groupe.
L’autre groupe travaille alors « apparemment » indépendamment.
Et pourtant… dès que ce groupe arrive à une résolution, quelque chose change chez tous les autres… et le constellé se sent mieux physiquement.