Mais qu’est-ce qu’une existence, une seule existence, par exemple la vôtre ?
Une existence isolée n’a aucun sens, une vie humaine se définit forcement par une relation à l’autre, par rapport à l’autre, la famille, la société, l’environnement.
Une vie unique, isolée, est une abstraction, cela n’existe pas. Une vie individuelle est un tissage à mailles très serrées de plusieurs autres vies. Le résultat, tissu unique, est un entrelacs d’une infinité de petits bouts colorés, petits bouts empruntés, mis en commun avec d’autres vies. La vie est faite de liens.
Chercher à isoler un élément comme s’il était autonome, c’est la démarche scientifique, utile si l’on n’oublie pas qu’il s’agit d’une abstraction.
Nous n’existons pas seul. C’est impossible. Une vie c’est du lien. Et ce lien s’inscrit forcement dans le temps, il évolue dans des cycles, dans une généalogie par exemple.
Pour l’inconscient non plus, la solitude n’existe pas, il intègre le fait d’être relié, de manière plus ou moins heureuse, à une foule d’êtres et de symboles. Ce sont ces liens que prend en charge la constellation familiale, ces liens qui forment une structure, la nôtre, la structure psychique de nos vies.
C’est de cette toile, de ce « maillage », qu’est constituée la Constellation familiale.
La constellation familiale est un je collectif.
Quels individus sommes-nous en dehors de notre histoire, des évènements qui font et défont notre identité, nos croyances ? Y a-t-il quelqu’un là-dedans, qui habite dans cette histoire, ou n’y a-t-il qu’un flux illimité de pensées et d’émotions ?
Et chacun dans notre histoire, ce que nous partageons avec ce monde, ce sont aussi les souffrances non résolues de ces histoires, et leur cortège de croyances associées… Cette souffrance est partout, il suffit d’ouvrir les yeux, tant de monde souffre, même ceux qui rient bien fort. Et la pire des souffrances est bien celle que nous méconnaissons, que nous nions, celle
que nous ne transformons pas, celle avec laquelle nous cohabitons sans cesse. Nous ne la sentons plus, elle nous ronge tranquillement et nous empêche de communiquer correctement avec le monde. Alors personne ne voit vraiment l’autre, parasité par sa propre souffrance.
Regardez-vous quand vous avez une douleur quelque part, mal de dent, rhumatisme, la difficulté que vous avez à être entièrement disponible au monde, la souffrance parasite cette ouverture, elle a plutôt tendance à vous renfermer.
La souffrance non transformée fausse notre rapport au monde. Alors, même si vous vous en accommodez, c’est cette souffrance qui fait tourner le monde de travers, et votre premier devoir de citoyen du monde est d’être assez «égoïste» pour affronter cette souffrance…
Être heureux, voilà déjà ce que nous avons à apporter au monde…